Alix Le Calvez

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Comprendre l’inflammation chronique et comment elle peut impacter notre santé.

Je vous écris cet article pour mettre en lumière le rôle normal de l’inflammation et ce qu’il se passe quand elle se dérègle.

Et pour pouvoir ensuite mieux comprendre comment l’alimentation peut intervenir dans ces processus, et vous aider à combattre une inflammation dysfonctionnelle !

L’inflammation est un phénomène essentiel à la survie de l’être humain …

Mais aussi à l’ensemble des mammifères (et aux poissons !).

Le sang des animaux à sang chaud est un milieu favorable au développement de bactéries et de parasites. C’est donc important d’avoir un moyen rapide et efficace de contrer ces invasions ! Sans l’inflammation, à la moindre écharde ou coupure nous serions victime d’une septicémie (infection générale de l’organisme par des bactéries) !

L’inflammation est pompeusement appelée « réaction immunitaire innée immédiate », car notre organisme n’a pas besoin d’apprentissage pour l’effectuer. Elle est une réaction caractéristique issue de nos gènes, à l’opposé d’autres types de réactions immunitaires qui ont besoin d’un apprentissage, d’un contact avec l’environnement pour être maturées et fonctionnelles.

Quand l’inflammation se passe « bien »

Une inflammation normale, c’est à dire aigüe :

  • Est immédiate, en réponse à une agression (blessure, infection, molécule toxique)

  • Se résout rapidement

  • Se conclut par la réparation du tissu lésé (cicatrisation ou régénération).

En jetant un œil au schéma ci-contre, vous pourrez vous faire une idée plus précise de ce qu’est l’inflammation au niveau cellulaire. C’est un processus très complexe qui fait intervenir un grand nombre de molécules, cellules, protéines … Dans un soucis de compréhension, j’ai essayé de simplifier un maximum !

La réaction inflammatoire représente un effort assez important pour l’organisme. L’organe touché est douloureux, et perd en partie sa fonction à plus ou moins long terme.

Par exemple, lorsque vous avez un rhume, une inflammation se produit au niveau de vos narines. Elles se bouchent, elles ne sont plus fonctionnelles. C’est normalement transitoire. Vous pouvez peut-être deviner qu’au moment même où j’écris cet article, j’ai un petit rhume qui me donne l’inspiration (si j’ose dire !).

Pour résumer, une bonne inflammation est une inflammation aigüe qui permet de protéger et de réparer rapidement un tissu. Elle est ponctuelle et se résorbe sans créer de dommage sur le long terme.

Quand l’inflammation dysfonctionne

Une inflammation qui ne se résout pas assez vite est dysfonctionnelle ; elle peut même devenir chronique, c’est-à-dire qu’elle se prolonge sur une durée de plusieurs mois à plusieurs années. Les cellules immunitaires sont hyper-activées et les médiateurs pro-inflammatoires sont sécrétés intensément.

Une inflammation chronique peut entrainer une fibrose et une perte de fonction définitive de la zone touchée (contrairement à l’inflammation aigüe qui entraine plutôt une perte de fonction transitoire).

Il a été montré que la perte de poids devient plus compliquée pour les personnes en surpoids lorsqu’une inflammation chronique de bas grade est présente. Pourquoi ? Parce que cela génère une perte de fonction du tissu touché, en l’occurrence le tissu adipeux ! Il est alors difficile de puiser dans les réserves des adipocytes.

Dans quelles pathologies retrouve-t-on ou peut-on retrouver une inflammation chronique ?

  • l’obésité et le diabète de type 2,

  • les maladies cardiovasculaires, au niveau de la paroi artérielle,

  • les troubles digestifs avec alternance diarrhée constipation, la maladie de Crohn,

  • les pathologies chroniques articulaires : arthrose, polyarthrite rhumatoïde,

  • la goutte,

  • le cancer,

  • le syndrome des ovaires polykystiques,

  • l’endométriose.

Quel est le mécanisme de l’inflammation chronique ?

Le déclencheur n’est ni un microbe, si une coupure. Aucun facteur externe … en fait, plusieurs facteurs internes peuvent nourrir l’inflammation chronique :

  • les molécules de l’inflammation que celle-ci génère ne sont pas suffisamment compensées par d’autres molécules dites « anti-inflammatoires » à cause

o   d’un tissu adipeux hypertrophié

o   d’une alimentation pro-inflammatoire (entre autres)

  • le système immunitaire peut être altéré (c’est le cas dans les maladies auto-immunes) et réagit contre des molécules présentes de façon normale dans l’organisme (notion de soi)

  • l’hyper-perméabilité intestinale est fortement suspectée d’augmenter l’émission de molécules pro-inflammatoires et l’activation du système immunitaire.

Si vous développez un forme d’inflammation chronique, la génétique est aussi en cause, mais elle est bien loin d’être son seul facteur de développement. La façon dont nous menons nos vie a elle-aussi beaucoup à faire.

Comment modéliser l’inflammation chronique ?

Vous avez bien compris comment se déroulait l’inflammation aigüe ? Sinon, je vous conseille de relire la petite vignette au-dessus.

Parce que pour l’inflammation chronique, c’est simple, vous mettez toutes les phases de l’inflammation aigüe dans un shaker, et vous secouez bien. Et paf vous avez de l’inflammation chronique !

En effet, lorsque l’inflammation est chronique, les quatre phases de la réaction inflammatoire coexistent au lieu d’avoir lieu successivement. Les symptômes sont multiples, variés et récurrents. 

L’inflammation chronique : une intensité variable

L’inflammation chronique peut être de bas grade (obésité, diabète de type 2, maladies cardiovasculaires) et peut aussi fortement varier en intensité, si une maladie inflammatoire chronique évoluant par poussée est installée. C’est notamment le cas des MICI, de la goutte de la polyarthrite rhumatoïde et de la sclérose en plaque.

Si l’inflammation chronique est de bas grade, les signes flagrants de l’inflammation aigüe (douleur localisée, chaleur, gonflement, rougeur) sont absents. Par contre on retrouve plusieurs symptômes désagréables pour la personne touchée, ainsi que certains marqueurs biologiques un peu plus élevés que la moyenne.

La CRP permet de détecter une inflammation de bas grade.

C’est une molécule (une protéine) sécrétée par le foie dans le sang. Elle fait partie de la réaction systémique inflammatoire en réponse à la détection d’une inflammation (interleukine 6, interleukine 1, TNF alpha). Elle favorise la cascade de l’inflammation.

Chez les adultes en bonne santé, la CRP a généralement une valeur aux alentours de 0,8mg/L de sang. En cas d’inflammation aigüe, elle peut augmenter transitoirement et atteindre les 500mg/L.

Une CRP caractéristique d’une inflammation de bas grade est située entre 3mg/L et 10mg/L de sang. Son augmentation est modérée et chronique et est bien souvent considérée comme non significative aux yeux des professionnels de santé (en même temps ils n’ont pas tort car elle ne montre aucun phénomène aigu, mais un mal bien plus sournois).

Pour savoir si vous développez une inflammation chronique de bas grade, vous pouvez donc faire mesurer votre CRP.

Mais du coup, concrètement, quelles sont les conséquences d’une inflammation chronique de bas grade ?

Différents symptômes peuvent faire leur apparition. Au sein de la communauté scientifique, il existe un nombre croissant de chercheurs qui s’évertuent à montrer des liens entre l’inflammation chronique et divers symptômes, tels que la fatigue, des pertes de mémoire, les difficultés de concentration, les troubles de l’humeur et du sommeil.

Chez les personnes âgées notamment, une étude dirigée en 2011 a montré qu’une inflammation de bas grade est associée à un métabolisme altéré des neuromédiateurs, ce qui pourraient être responsable de symptômes dépressifs, manques de motivation, lassitude, pessimisme.

L’inflammation chronique pourrait aussi perturber le sommeil et être accrue par le manque de sommeil. Un cercle pas très vertueux !

Il est maintenant largement reconnu par la communauté scientifique que les tumeurs cancéreuses naissent de façon préférentiel dans un environnement présentant une inflammation chronique.

D’autre part, on estime que l’inflammation de bas grade est responsable de bon nombre de complications du diabète de type 2, de l’obésité, et d’une augmentation du risque cardiovasculaire. 

Et si on remontait à la source de l’inflammation chronique de bas grade ?

La principale cause de l’inflammation chronique est comportementale ! et oui ! Si on examine les facteurs de risque de cette inflammation globale on peut lister (entre autres) :

  • fatigue, stress, surmenage,

  • la sédentarité

  • différents facteurs alimentaires (hydratation insuffisante dans le cas de la tendinite)

  • le manque de sommeil

  • l’alimentation occidentalisée à base de viande

  • le tabagisme

  • le surpoids et l’obésité  (hypoxie du tissu adipeux) 

La bonne nouvelle, c’est que l’on peut agir sur tous ces points dans notre quotidien, en cultivant l’écoute de soi ! Et si on s’y mettait ?

Cet article vous a plu ? N’hésitez pas à le partager et à poser vos questions en commentaire !

Source : INSERM, dossier sur l’inflammation et les maladies inflammatoires

Diverses méta-analyses, thèses et études scientifiques (entre autres, je mets pas tout) :

L’impact de l’alimentation sur les marqueurs de l’inflammation

https://www.theses.fr/2012BOR22001

L’impact de l’inflammation sur le métabolisme de la sérotonine

L’inflammation du tissu adipeux dans l’obésité