Alix Le Calvez

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Endométriose : pourquoi éviter ou favoriser les phyto-oestrogènes ?

Introduction

Quand on souffre d’endométriose, l’envie de supprimer foule d’aliments de son alimentation en suivant ce que disent divers blogs peut être forte.

ET … les aliments contenant des phytoestrogènes font peur. En étudiant précisément leurs mécanismes d’action, on se rend néanmoins compte qu’ils sont généralement bénéfiques pour les femmes souffrant d’endométriose. Car ils vont contrer l’effet multiplicateur des cellules endométriales des oestrogènes.

Pour comprendre pourquoi, penchons-nous sur l’effet des différents oestrogènes dans l’endométriose.

Pour savoir comment intégrer les phyto-oestrogènes dans votre alimentation si vous avez une endométriose je vous propose de découvrir cet article.

Oestrogènes et endométriose

Les oestrogènes sont des hormones, des molécules utilisées par le corps pour transmettre des messages aux cellules. Ce messager chimique va modifier le fonctionnement des cellules où il peut se fixer, c’est à dire une cellules qui exprime son récepteur. En fait, un oestrogène se balade dans le corps depuis le site de sécrétion jusqu’aux cellules du tissu cible qui expriment le récepteur. Le tissu cible comporte des récepteurs à cette hormone dans certaines de ses cellules.

Il existe deux types de récepteurs aux oestrogènes : alpha et bêta (en fait ER alpha et ER bêta). ER = Estrogen Receptor.

Les oestrogènes sont surtout produits par les ovaires et le placenta (mais aussi un peu par le foie, les glandes surrénales, les seins et le tissus adipeux) et regroupent trois hormones différentes (voir l’image) qui agissent sur l’ensemble du corps. Ils accélèrent le métabolisme de certaines cellules, augmentent le stockage lipidique, ont une action sur le maintien des vaisseaux sanguins, augmentent les sécrétions sexuelles … La capacité des hormones à entrainer ces changements est plus ou moins importante, c’est ce qu’on appelle l’activité oestrogénique.

Qu’est-ce que l’activité oestrogénique ?

C’est, pour une molécule donnée, la capacité à induire des modifications tissulaires plus ou moins importantes.

Dans l’endométriose, L’oestrogène qui nous préoccupe le plus, c’est oestradiol ou E2. Et pourquoi ? Parce qu’il a l’activité oestrogénique la plus importante.

Dans l’endométriose, les effets des oestrogènes sont amplifiés au niveau des cellules endométriales

On considère que le climat oestrogénique (les effets globaux des oestrogènes) est trop fort en cas d’endométriose surtout au niveau des cellules endométriales. Pourquoi ? Peut-être à cause d’un surnombre de récepteurs bêta dans ces cellules !

Or l’équilibre oestrogène / progestérone est très finement régulé et lorsque les oestrogènes sont trop présents ils vont mécaniquement réduire le climat progestatif ! La progestérone aura une action diminuée d’autant. On appelle ça la résistance à la progestérones (suppression des récepteurs à la progestérone qui a un effet opposé dans les cellules endométriales).

On cherche à réduire le climat oestrogénique dans le cadre de l’endométriose

Comment ? En réduisant l’activation des récepteurs aux oestrogènes. C’est là que les phyto-oestrogènes sont intéressants ! Pourquoi ? Parce qu’ils vont prendre la place des oestrogènes sur les récepteurs mais vont bien souvent activer bien plus faiblement les réponses cellulaires en comparaison avec les oestrogènes du corps humain.

Les phyto-oestrogènes : Qu’est-ce que c’est ?

Phyto = plante

Oestrogène = … oestrogène (lol)

Il existe un certain nombre de phyto-oestrogènes disséminés dans tout le règne végétal. Par exemple, on en trouve dans le blé, le seigle, l’avoine, les petits pois, les haricots, l’ail, les fruits, le trèfle rouge, la réglisse, le clou de girofle …

Les phytoestrogènes sont des composés des végétaux qui ont une structure analogue à celle de l’oestradiol (E2). Cela leur confère la capacité à se fixer sur ses récepteurs (voir petit schéma ci-dessus).

Nous réagissons tous différemment aux phyto-oestrogènes

En général, le phytoestrogène doit être modifié sous une forme aglycone par la flore intestinale (la molécule est accrochée à un sucre) pour pouvoir être absorbé de l’intestin vers la circulation sanguine. Seulement, toutes les flores intestinales sont différentes, donc en mangeant une même dose de phyto-oestrogènes, d’une personne à l’autre, la quantité active (formes aglycones : équols, entérodiols et entérolactones) entrant dans l’organisme sera très différente.

Et chaque phyto-oestrogène est unique !

Les phytoestrogènes( et leurs potentielles actions sur l’organisme) sont tous différents, selon :

  • leur activité oestrogénique (sorte de puissance d’activation des réponses cellulaires)

  • leur affinité pour les récepteurs alpha ou bêta (capacité à se fixer aux récepteurs)

  • leur biodisponibilité et leur transformation sous forme aglycone (absorption au niveau de l’intestin)

  • leur concentration dans l’aliment en question

  • leur combinaison avec d’autres phytoestrogènes dans l’alimentation (c’est ce qu’on appelle l’effet cocktail)

  • le temps et la période de vie pendant lesquels ils ont été consommés (ex : au Japon on en mange pendant toute l’enfance sous forme de soja).

Les deux principales classes de phytoestrogènes sont les isoflavones et les lignanes.

Les isoflavones

Ce sont des flavonoïdes (ou polyphénols), molécules de plus en plus connues ! Parmi eux se trouvent les coumestans, dont le coumestrol.

Le coumestrol

C’est le phytoestrogène à l’activité oestrogènique la plus importante. Il activera plus efficacement les récepteurs bêta que l’hormone native (oestradiol). C’est un problème ! Heureusement, c’est un des seuls phyto-oestrogènes qui a une action si forte.

La génistéine et la daidzéine

Ces phytoestrogènes ont une activité anti-oestrogénique. Ils occupent le récepteur mais n’activent presque pas les réponses cellulaires par la suite. Ils sont donc protecteurs si on a une endométriose !

On trouve la génisténe et la daidzéine dans … le soja !

Au vu des substances contenues dans le soja, il est raisonnable de penser que celui-ci est favorable pour les personnes souffrant d’endométriose. Et oui ! des études le confirment.

Les lignanes

Ces molécules sont transformées en entérodiol et entérolactones au niveau de l’intestin par la flore intestinale. Ce sont des molécules faiblement oestrogéniques, à la fois anti-oestrogéniques et anti-oxydantes. Imaginons une molécule d’oestradiol a un pouvoir d’activation de 100% du récepteur aux oestrogènes, l’entérolactone a un pouvoir de 0,01% : incroyablement faible. Le récepteur est occupé mais presque pas activé : diminution de l’activité oestrogénique. Tout pour plaire alors ! En plus, ce n’est pas tout :

  • les lignanes améliorent la métabolisation des oestrogènes au niveau du foie

  • elles améliorent aussi l’affinité des molécules porteuses des oestrogènes (qui limitent l’action des oestrogènes)

La graine de lin, une source de lignanes incomparable (et d’oméga 3 !)

La graine de lin est l’aliment le plus riche en phytoestrogènes. Ils y sont principalement représentés par des lignanes, 800 fois plus concentrées dans cet aliment que dans la plupart des autres représentants du règne végétal.

La graine de lin contient des composés qui entraînent aussi la sulfatation de l’oestradiol sous une forme inactive et est une excellente source d’oméga 3 (intéressant pour favoriser le potentiel anti-inflammatoire de l’alimentation).

Mangez des graines de lin dans tous les cas et surtout si vous souffrez d’endométriose !

Il n’existe apparemment aucune étude de disponible au sujet du lien entre la graine de lin en elle-même et l’endométriose. Mais il existe plein d’études sur un lien favorable entre ses composants et l’endométriose et il n’y a a priori pas sujet d’avoir des craintes dans le cadre d’une consommation raisonnée.

Nuançons toutefois notre propos :

Les recommandations faites dans cet article sont des recommandations générales. Si, individuellement, une femme atteinte d’endométriose remarque que la consommation de lin ou de soja empire ses problèmes, il est raisonnable pour elle de l’abandonner.

D’autre part, dans cet article nous ne parlons que de la femme atteinte d’endométriose et nous ne pouvons pas extrapoler ces conseils de consommations aux femmes ayant subi des ablations des ovaires, aux enfants, aux femmes traitées par des analogues de la GnRH, aux femmes enceintes …

Si vous souhaitez débuter un suivi micronutritionnel appliqué à l’endométriose, je suis en mesure de vous accompagner.

Cet article vous a plu ? N’hésitez pas à le partager et à poser vos questions en commentaire !

Source : L’alimentation anti-endométriose par Fabien PIASCO, diététicien nutritionniste