Pourquoi sommes-nous d'éternels insatisfaits de notre corps ?

Vous est-il déjà arrivé d’avoir honte quand vous vous regardez dans le miroir ? Quelle importance accordez-vous au regard des autres, notamment sur votre corps ? Avez-vous déjà pleuré dans une cabine d’essayage parce que votre corps est trop ceci ou cela ? Cette souffrance est tangible et vous a peut-être même motivé.e à venir me voir en consultation.

Cette insatisfaction que vous ressentez probablement est le reflet du décalage entre votre corps réel et l’image que vous en avez. En bref, votre corps vous apparait comme très éloigné du corps idéal. La souffrance ressentie provient de la lutte avec ce qui est là ici et maintenant.

 
Pourquoi sommes-nous d'éternels insatisfaits de notre corps ? par Alix Le Calvez Diététicienne psychonutritionniste
 

Un modèle imprimé par la société

être insatisfait de son corps et/ou de son poids, c’est être dans la norme

En France, 1 à 2 personnes sur trois désirent perdre du poids. Les préoccupations féminines et masculines au sujet du corps sont très probablement en augmentation. C’est sûr, les modes de communication de la société actuelle (télévision, magasines, réseaux sociaux, internet, cinéma et même la pornographie) nous saturent d’images de corps calibrés, lisses (et faux !).

Oui, car ces corps sont tous retouchés sur photoshop, maquillés, huilés, épilés, posés, éclairés … et même si nos conscients le savent, il n’en reste pas moins que nos inconscients ont tous (ou presque) intégré un modèle de corps idéal véhiculé par ces médias. Ce corps idéal semble être la normalité, car nos médias ne montrent pas (ou très peu) de versions alternatives avec des petits seins, des fesses molletonnées, des pectoraux minces, des jambes plus courtes, des poches sous les yeux … La vision répétée de ces corps formatés et stéréotypés ancre en nous cette idée que notre corps ne devrait pas être comme ça. Comme si, en fait, nous étions peut-être des êtres anormaux, et difformes …

Constructions culturelles : Le corps idéal à travers l’histoire

C’est sûr que je ne vous apprends rien, mais je vais quand même enfoncer cette porte ouverte : le corps idéal est une construction culturelle. Dans la vidéo en lien à côté, vous verrez les corps pulpeux idéaux de la renaissance italienne et de l’âge d’or Hollywoodien, les corps filiformes du “heroin chic” des années 90 …

Le corps idéal est bien souvent en corrélation avec, à une époque donnée, l’idée d’un corps en bonne santé et dans l’opulence matérielle. À la préhistoire, on pense que les femmes bien en chaire étaient plus attirantes, car synonymes de fécondité, d’abondance, de résistance à la famine !

Aujourd’hui, un beau corps de femme doit être sculpté, élancé, musclé, mais généreux à certains endroits (seins et fesses) et en même temps assez maigre, avec un écart entre les cuisses ! Autrement dit, les corps qui sont bâtis de cette façon se font rares et sont souvent obtenus par le biais d’efforts soutenus et de chirurgie esthétique … Rien de très réjouissant.

Le corps doit-il être réduit au fait de devoir nous plaire à nous et à notre entourage ? Question rhétorique.

Au final, la recherche d’un corps idéal en adéquation avec les attentes de la société est globalement générateur de souffrance. Et même en comprenant dans notre tête que la souffrance ressentie peut être reliée à un modèle sociétal déconnecté de la réalité, cela ne rend pas cette souffrance moins tangible dans notre paysage émotionnel.

Aux origines de la souffrance : la vision du BOUDDHISME ET des THÉRAPIES COGNITIVES ET COMPORTEMENTALES

Pourquoi sommes-nous d'éternels insatisfaits de notre corps ? par Alix Le Calvez Diététicienne psychonutritionniste

En changeant de perspectives sur votre souffrance, vous pourrez peut-être apporter un certain soulagement. J’aime bien amener des notions de bouddhisme, je trouve qu’elles sont souvent assez éclairantes.

Ce qui trouble les hommes ne sont pas les choses, mais les jugements qu’ils portent sur les choses.” Épictète

Douleur et Souffrance : quelles nuances ?

  • La douleur, au sens bouddhiste du terme (et pas que), est quelque chose d’inhérent à l’humanité. Un jour ou l’autre, nous vieillissons tous, nous tombons malade, nous avons des douleurs articulaires, des deuils … Penser que l’on peut supprimer la douleur de l’existence est inexact. En fait, la douleur est une expérience normale pour l’être humain : naitre est synonyme de moments heureux mais aussi de moments douloureux.

  • La souffrance est par contre quelque chose que nous créons par un certain état d’esprit, lorsque nous luttons contre une expérience du moment, souvent interprétée comme indésirable ou négative. La souffrance est, quelque part, la douleur du contrôle. La croyance que l’on pourrait maîtriser la douleur en quelque sorte.

Comprendre et accueillir ce qui est en soi pour aller au delà de la souffrance

Vouloir supprimer les sources de douleur est donc impossible. Mais c’est normal de le souhaiter si on n’est pas conscient de c’est irréalisable. Assez logiquement, dans le Bouddhisme, on estime donc que c’est l’ignorance qui crée la souffrance. A priori, cette ignorance correspond à trois phénomènes psychologiques : l’ensemble des croyances, l’attachement à ces croyances et l’égo (l’identification au contenu de mes pensées, émotions, comportements et la peur de leur impermanence).

Avec d’un soignant formé à la relation thérapeutique (diététicien comportemental psychonutritionniste, psychologues, certains médecins et autres professions) mais aussi de la méditation, on peut parvenir à amenuiser cette insatisfaction en nourrissant des comportements et des pensées vertueuses.

L’idée est d’abord de prendre conscience de ces pensées, de se désidentifier d’elles puis d’entreprendre pas après pas des petites actions pour modifier graduellement notre façon d’agir en réaction à certaines pensées. Ceci est détaillé dans l’article “comment passer de l’insatisfaction à la bienveillance corporelle”.

Insuffler du renouveau dans notre rapport au corps

En changeant de focale sur ces problématiques d’insatisfaction corporelle, un vent nouveau souffle peut-être déjà dans votre corps, dans votre esprit et dans votre coeur. Ça peut sembler paradoxal, mais le chemin le plus rapide du changement est d’y aller pas à pas, tout doucement, dans le respect de nos limites. Pourquoi ne pas se poser la question suivante : quelle serait la plus petite chose que je pourrais faire pour aller vers ce qui compte pour moi ici et maintenant ?


Une de mes sources : Petit cahier d’exercices d’acceptation de son corps de Anne Marrez et Maggie Oda aux éditions Jouvence.

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